• Gabriel MERLAUD (1896-1917)

    Gabriel Alexandre Arthur MERLAUD nait le 29 février 1896 à Saint-Martin-de-Ré. Il est le fils d'Alexis MERLAUD et de Marie Alice MASSÉ.

    Le 15 février 1915 le Soldat Rétais indique qu'il fait partie des jeunes gens "enrôlés pour répondre à l'appel de la Patrie" du 29 janvier. Sa fiche matricule indique que Gabriel exerce la profession de jardinier.

    Le 9 avril 1915 il incorpore le 7e RIC (7e Régiment d'Infanterie Coloniale) comme soldat de 2e classe.

    Le 7 décembre 1915 il passe au 42e Régiment d'Infanterie (42e RI).

    Le 17 avril 1916, il passe au 21e Régiment d'Infanterie Coloniale (21e RIC).

    Le 19 avril 1917 Gabriel est tué à l'ennemi dans la forêt de Mortier, sur la commune de Brancourt-en-Laonnois, dans l'Aisne.

    Le Soldat Rétais du 6 mai 1917 lui rend un long et vibrant hommage :

    Les œuvres paroissiales de notre ville viennent d'être douloureusement éprouvées par la disparition de notre jeune compatriote Gabriel Merlaud glorieusement tombé pour la Patrie, le 18 avril, pendant les attaques de l'A...
    Plusieurs années durant, il fut attaché au service de l'Eglise paroissiale, où il assurait les fonctions de chantre, fonctions qu'il dût quitter pour répondre à l'appel du pays.
    Il faisait partie de la Chorale Jeanne d'Arc, qui relève si magnifiquement la solennité de nos fêtes religieuses. Doué d'un organe bon et agréable, il était un exécutant très apprécié de tous. Par une délicatesse de Sa Providence, Dieu permit qu'il soit en permission pour les fêtes de Pâques et qu'il put ainsi pendant toute la semaine pascale, chanter une dernière fois ici-bas, les gloires du Dieu Rédempteur, avant d'aller les chanter dans la cité éternelle.
    Membre du Patronage et de l'Alerte, il donnait à tous ses camarades, l'exemple de la vie chrétienne, de l'esprit de discipline, en même temps que l'entraînement physique. Il avait conquis l'unanime affection de ses directeurs et de ses condisciples. Son plus cher rêve qu'il exprimait encore pendant sa dernière permission, était de venir établir sa vie à St-Martin, afin de continuer à se dévouer à l'Alerte en vue de lui faire recouvrer son ancienne prospérité.
    Il n'avait pas laissé entamer sa foi par la promiscuité du régiment. Au contraire il l'avait affermi plus que jamais et nous le voyons au front, dans les tranchées, ne manquant pas l'occasion d'entendre la Messe, de purifier sa conscience et de faire la Ste-Communion.
    L'hiver dernier, de concert avec un prêtre-soldat et le concours de quelques camarades, il avait fondé un cercle d'études où s'étudiaient des questions religieuses et sociales et où se préparaient les chants pour le dimanche.
    Formé à une école qui sait donner tout son vrai sens au patriotisme, il aimait passionnément sa Patrie, qu'il voulait belle et glorieuse. Pour cela, il avait de bonne heure fait le sacrifice de sa vie et toutes ses lettres étaient animées du plus ardent patriotisme.
    Son humeur toujours égale, son amabilité pour tous, son dévouement toujours prêt à se donner à chacun, lui avaient valu l'estime de tous, tant supérieurs qu'égaux, au front comme à l'arrière.
    Si les œuvres paroissiales sont douloureusement atteintes par la disparition de cette belle figure, elles le sont aussi par la grande douleur qui frappe M. Merlaud, ce digne père de famille qui, depuis près de vingt-cinq ans, remplit avec un dévouement et une exactitude auxquels il faut rendre hommage, les délicates fonctions de sacristain.
    Le jeudi 3 courant, répondant à l'invitation de la famille et de l'Alerte, une foule imposante venue de Saint-Martin, de La Flotte et du Bois, emplissait l'Eglise, pour assister au service funèbre célébré pour l'âme du héros et pour témoigner sa sympathie à la famille.
    Dans l'assistance on remarquait de nombreuses personnalités des communes précitées, notamment plusieurs conseillers municipaux de Saint-Martin.
    Répondant à une invitation spéciale de Monsieur Roy, Président de l'Alerte, la société de gymnastique "La Rétaise" avait bien voulu assister à la cérémonie et avait pris place dans le chœur, sous la Direction de Monsieur O. Lévêque, Directeur.
    La société catholique de gymnastique "Pour la France" de La Flotte avait aussi place dans le chœur aux côtés de l'Alerte.
    La cérémonie se déroula au milieu d'un profond recueillement et d'une grande émotion. La Messe fut chantée par M. l'Abbé Lartigue, curé-doyen et les chants liturgiques furent parfaitement exécutés par la Chorale Jeanne d'Arc.
    A l'Offertoire, M. Joseph Declercq chanta avec une belle diction et beaucoup d'onction l'émouvante "Prière pour les morts" d'Henri Colas ; ce chant doux et plaintif provoqua une vive émotion dans l'assistance.
    A l'Absoute, M. le Curé-doyen prononça une vibrante allocution.
    Commentant la parole du philosophe "Les grandes douleurs sont muettes" il dit quels efforts il lui fallait pour dominer sa tristesse et saluer la mémoire de celui dont la disparition lui est si douloureuse.
    Le Prêtre est comme un père qui aime ses enfants. Déjà son cœur sacerdotal a été souvent frappé dans de chères affections.
    Professeur à Montlieu, avec tout son cœur il avait formé un jeune homme pour l'autel. Il est tombé au champ d'honneur.
    Vicaire à Tonnay-Charente, il avait dirigé l'intelligence de celui qui devait être plus tard un vaillant officier : celui-ci porte aujourd'hui dans son corps mutilé les traces de sa bravoure.
    Curé de Chermignac, il avait formé à l'apostolat deux jeunes gens qui faisaient l'espoir de la paroisse. Tous deux sont tombés en braves sur le champ de bataille.
    Aujourd'hui son cœur de prêtre saigne douloureusement en face de cette nouvelle épreuve. Il avait connu Gabriel Merlaud enfant. Il avait apprécié son âme délicate, bonne et pieuse ; l'ayant pris à son  service, il l'avait aimé et traité comme un fils, aujourd'hui il lui faut pleurer sa mort.
    Cependant si vive qu'elle soit, sa douleur n'est pas comparable à celle de ce père qui pleure son Gabriel. La vie de cet homme a déjà été remplie de multiples et grandes épreuves.
    C'est d'abord un frère, espérance du diocèse de La Rochelle, qui meurt jeune encore à l'aurore de son sacerdoce.
    Puis, il y a treize ans, une épouse affectueuse et chrétienne, une mère délicate et bonne, descend à la tombe, fauchée en pleine jeunesse.
    Brisé par la douleur, mais puisant dans sa foi chrétienne profonde, le courage dont il a besoin, il est fort.
    Fidèle au souvenir de celle qui n'est plus, il rentre seul au foyer, avec cinq enfants en bas-âge, qu'il forme à l'honneur et au devoir. Il n'est pas encore éloigné le temps où l'on pouvait le voir, chaque dimanche, entouré de ses cinq enfants, allant s'agenouiller sur la tombe de ces chers disparus.
    Puis un jour Dieu lui demanda une de ses filles pour la consacrer à son service. Quelques mois plus tard la Patrie en danger fait appel à ses deux fils aînés et vaillamment M. Merlaud offre à Dieu et à la France, ses trois enfants.
    Devant la mort héroïque de Gabriel, admirable de résignation, il offre cette nouvelle douleur pour la rédemption de la Patrie.
    Cependant aujourd'hui il se trouve récompensé par cette assistance imposante et pieuse ; par la présence des sociétés qui sont venues rendre hommage au cher disparu.
    Puis par les nombreux témoignages de sympathie venus de toute part. Enfin par les souvenirs que laisse après lui le héros que nous pleurons : il était aimable pour tous ; il fut un enfant plein de cœur ayant compris les sacrifices de son père, il fut un ardent patriote et un fervent chrétien.
    Dominant avec peine son émotion, M. le curé-doyen, termine cette émouvante allocution qui fait couler les larmes de tous les assistants, rappelle la récompense éternelle que Dieu réserve au vaillant Gabriel, qui du haut du Ciel, priera pour ceux qu'il a aimés ici-bas.
    La foule profondément remuée défila devant les affligés auxquels elle donna de multiples marques de sympathie.
    A l'issue de la cérémonie, une croix de fleurs fut portée par l'Alerte sur la tombe de Madame Merlaud.
    Le "Soldat Rétais" se faisant l'interprète de tous et en son nom personnel, salue la mémoire de l'ami très cher qui n'est plus. Il adresse à M. Merlaud, à sa famille, à M. le curé-doyen et aux œuvres l'expression de sa sympathie douloureusement attristée.
    Nos lecteurs ne manqueront pas de prier pour l'âme du disparu, afin que Dieu lui accorde bientôt, s'Il ne l'a déjà fait, la récompense de ses vertus et de son sacrifice. Ils prieront aussi pour la famille et pour les œuvres, afin que l'immolation de ce héros leur mérite pour l'avenir paix et prospérité.

    Une citation parait au Journal Officiel du 11 mars 1920.

    Tombé glorieusement à son poste de combat le 19 avril 1917, au cours de l'offensive de l'Aisne. A été cité.

     

    Le nom de Gabriel MERLAUD est inscrit sur le monument aux morts de Saint-Martin, ainsi que sur la plaque commémorative de l'église.

     

    Sources :

    Fiche matricule : AD17 - Registres matricules - 1 R 445 - Classe 1916 - La Rochelle, vue 274

    Fiche Mémoire des Hommes : http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/ark:/40699/m005239f74800be4/5242bf44e68d4

    AD17 - Presse - Le Soldat Rétais n° 4, 15 février 1915

    Musée Ernest-Cognacq - Le Soldat Rétais n° 57, 6 mai 1917

    « Adrien RIGAUD (1884-1917)Marcel GUILLET (1893-1917) »

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