• Gentil GADIOU (1883-1915)

    Gentil Etienne Victor GADIOU naît le 15 avril 1883 à La Flotte. Il est le cinquième enfant de Jean et Julienne BOUET, des cultivateurs qui se sont mariés dans le même village le 8 novembre 1864. Avant lui sont nés Jean Jules (1865), Rosa Julienne (1867), Marie Rosalie (1869) et Anna (1877).

    Cultivateur vigneron de profession, il est ajourné en 1904 pour faiblesse (pointe de hernie). Il est déclaré bon en 1905 et incorporé comme soldat 2e classe au 123e Régiment d'Infanterie à compter du 10 octobre. Il passe soldat 1e classe le 20 juillet 1906 et passe dans la disponibilité un an plus tard.

    Quelques mois plus tard, le 20 octobre 1907 il épouse Céline Henriette Louisa PÉCHEREAU, sœur de mon trisaïeul paternel.

     

    Gentil GADIOU (1883-1915)

    Céline PÉCHEREAU épouse GADIOU. Collection personnelle

     

     

    Rappelé à l'activité par la mobilisation générale, il part rejoindre le 123e Régiment d'Infanterie.

    Le 27 juin 1915, il décède d'une congestion pulmonaire à l'hôpital annexe n°107 du Puy.

    Le Soldat Rétais daté du 1er juillet fait part de son décès :


    Avant la mobilisation, il était le moniteur de la Société de Gymnastique "Pour la France". Par son inlassable dévouement, sa compétence appréciée, joints à une très grande valeur physique et morale il avait fait cette société, l'une des premières de l'Ile. Il emporte dans la tombe l'estime et les regrets de tous ses concitoyens.
    Nous faisons l'écho des sentiments de tous, nous adressons à sa jeune veuve et à sa famille l'hommage de nos bien vives condoléances.

     

    Le numéro suivant du Soldat Rétais relate ses obsèques :

    La ville de La Flotte a fait des obsèques imposantes à son regretté compatriote Gentil Gadiou.
    Ce vaillant, qui avait contracté une maladie grave dans les tranchées, est venu mourir dans un hôpital du Puy. Sa digne épouse avait pu recueillir son dernier soupir. Et après un long et douloureux voyage, elle eut la consolation de ramener au pays natal la dépouille mortelle de celui dont elle était si fière de porter le nom.
    Le 3 Juillet, au matin, le "Coligny" dépose sur notre quai le cercueil qui contient les précieux restes de notre ami. Ce cercueil, recouvert du drap mortuaire et du drapeau de la France, est orné de nombreuses couronnes et gerbes de fleurs, pieux souvenir de l'amitié à l'ami disparu. Une foule considérable et unanimement sympathique se prépare à honorer la mémoire du héros et à prier pour son âme. Le long cortège se dirige vers la vieille église, superbement décorée dans un vêtement fait de deuil et de drapeaux aux couleurs nationales.
    Nous remarquons dans le cortège, au premier rang, la société Pour la France dont Gadiou fût le moniteur si dévoué, un piquet d'honneur envoyé par M. le Gouverneur de I'lle de Ré, le Conseil municipal presque en son entier, une délégation de l'Alerte de St-Martin et son Président, M. le docteur Roy, un groupe de la Fraternelle avec son drapeau, les représentants des Vétérans, de la société Philarmonique, etc.
    Autour du cercueil, c'est bien "l'Union Sacrée" qui s'affirme dans ce noble idéal : saluer nos héros et rendre à leur mémoire l'hommage qui leur est dû.
    A l'Eglise, M. le doyen de St-Martin préside. M. le curé monte à l'autel et va prier pour son ami ; M. le curé de Ste-Marie tient l'harmonium.
    Au cours de la cérémonie, M. l'Abbé Duzon et M. le Doyen de St-Martin rendent un hommage ému et mérité à celui qui fut un catholique convaincu, un époux modèle, un père parfait et un soldat courageux. Et ils mêlent à son souvenir celui des héros de La Flotte tombés également au Champ d'Honneur.
    Puis le cortège se reforme et accompagne à sa dernière demeure les restes mortels de notre cher compatriote.
    Sur le bord de la fosse, Monsieur l'adjoint, au nom du Conseil municipal, Monsieur le Secrétaire de la société Pour la France, Monsieur le Président de la section des Vétérans et Monsieur l'Adjudant commandant le piquet d'honneur saluent une dernière fois notre ami ; et la foule s'écoule profondément émue.
    Gentil Gadiou repose maintenant dans sa terre natale. Si sa vie fut un modèle pour ses concitoyens qui tous l'estimaient, sa mort chrétienne et courageuse est pour tous une leçon. Nous viendrons nous agenouiller sur sa tombe et demander à son souvenir les exemples qui font les chrétiens généreux et les parfaits citoyens. Que sa jeune veuve, que ses petits enfants, que sa famille trouvent ici une fois de plus l'expression de nos condoléances. Mais nous espérons que la mort édifiante, le sacrifice héroïque du cher disparu et les nombreux témoignages de sympathie seront, pour ceux qui pleurent, une douce consolation.

     

    Sous le titre "Hommage fraternel" le Soldat Rétais du 15 août publie une lettre :

    Nous avons reçu à l'occasion de la mort de notre regretté compatriote Gentil Gadiou cette touchante lettre que nous sommes heureux de mettre sous les yeux de nos lecteurs.

    C'est au fond de mon gourbi souterrain, hier soir, à la brune, que j'ai eu le très grand plaisir de lire le Soldat Rétais.

    Il pleuvait dur. Une nappe d'eau tournoyait autour du guetteur, impassible comme une statue de pierre.
    Déjà les grands peupliers devenaient indécis et les fusées montaient vers le ciel. C'est le moment où chacun redescend en lui-même et offre son âme à Dieu. Tout est sombre. Dehors, la pluie, le froid, la nuit, l'ennemi prêt à bondir.
    Mais au fond de soi la sublime flamme du sacrifice parfumée par l'encens du souvenir. C'est l'heure où à l'entrée du boyau apparait la figure énigmatique et formidable du gros vaguemestre ruisselant et rouge. Un cercle silencieux se forme autour de lui. On bourre une pipe pour ne pas avoir l'air d'être trop ému...
    Au milieu de quelques journaux, je découvre donc le Soldat Rétais. Une main pieuse l'avait placé pour me permettre par ce soir triste, oh ! si triste, d'évoquer ma petite Patrie, ma chère île couchée au bord de l'océan. J'ai rêvé à un long repos idyllique sur quelque plage de Ré, dans un décor de lumière, le soir, alors que les premières étoiles s'allument... après la grande horreur.
    Hélas ! quels sont ceux qui verront les jours clairs ! Déjà tant d'hommes d'élite sont morts, mais je vois qu'on leur fait de touchantes funérailles. Gentil Gadiou était un cousin à moi, une âme fortement trempée, un coeur sensible, la personnification de toutes les vertus rétaises.
    Je l'ai embrassé pour la dernière fois, par un de ces soirs d'or qui ceignent l'île comme d'une auréole. Depuis, emporté par la tourmente il a fait vaillamment tout son devoir ; il connaissait le plus difficile des courages, car il savait souffrir longtemps sans se plaindre jamais. L'éloge que vous faites de lui m'a ému jusqu'aux larmes et voilà pourquoi j'ai voulu vous le dire ce soir. Merci aussi d'avoir fondé un journal rétais et de lui avoir donné cette âme vibrante et douce. Ce serait un grand plaisir pour moi si vous me permettiez de collaborer du front à votre œuvre, de temps en temps.
    Je vous prie d'agréer, Monsieur, l'assurance de mes sentiments les plus distingués.


    Aspirant L. Bouchet,
    22e Cie. 325e .
    Secteur Postal 49

     

    Sources :

    Acte de naissance : AD17 - 2 E 171/29 - La Flotte Naissances 1864 - 1884, vue 379

    Fiche matricule : AD17 - 1 R 285 - Classe 1903 - La Rochelle, vue 718

    JMO du 123e RI : http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/ark:/40699/e005278fad14573d/5278fad14a5be

    Historique du 123e RI : http://tableaudhonneur.free.fr/123eRI.pdf

    Fiche Mémoire des Hommes : http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/ark:/40699/m005239e984f1db7/5242bdcd0fd33

    AD17 - Le Soldat Rétais n° 13, 1er juillet 1915

    AD17 - Le Soldat Rétais n°14, 15 juillet 1915

    AD17 - Le Soldat Rétais n°16, 15 août 1915

    « Georges BANÉAT (1894-1915)Victor BERNARD (1887-1915) »

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